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Page:London - En pays lointain.djvu/243

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

le meilleur des provisions, et partîmes sur la piste tous trois, Passuk, le grand Jeff et moi.

Vous qui m’entendez, vous avez frayé la neige vierge, peiné à la perche de direction, et vous savez ce que signifient les amas de glaçons ; aussi, je n’insisterai pas sur les difficultés du voyage. Sachez seulement que, certains jours, nous faisions nos dix milles, d’autres, trente milles, mais le plus souvent dix.

Les aliments « de choix » que nous avions préférés n’étaient pas fameux, et nous dûmes nous rationner dès le départ. De même, la crème des chiens ne valait pas cher, et nous avions peiné à les faire tenir sur leurs pattes.

Arrivés au Fleuve Blanc[1], nos trois traîneaux furent réduits à deux, et nous n’avions couvert que deux cents milles. Mais nous ne laissions rien perdre. Les chiens qui mouraient dans les traits passaient dans l’estomac des survivants.

Nous atteignîmes Pelly sans avoir entendu un seul bonjour ni aperçu la moindre fumée.

J’avais espéré y trouver des vivres et y laisser le grand Jeff qui, déjà fatigué de la piste, ne cessait de geindre.

Mais le facteur avait les poumons attaqués, les yeux brillants de fièvre, et sa cache était presque vide. Il nous fit voir que celle du missionnaire ne contenait rien non plus, et nous montra la tombe de

  1. White River.