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Page:London - En pays lointain.djvu/245

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

s’enfonçaient, ce qui empirait leur état, car leurs os étaient prêts à percer la peau.

Je lui fis entendre de dures paroles et il me jura de ne plus recommencer, mais il manqua à sa promesse. Alors, je le battis avec le fouet des chiens, et après cela ils ne s’enfoncèrent plus.

C’était un enfant ; de plus, il souffrait, et il avait le filon de graisse.

Mais que faisait Passuk, pendant tout ce temps ?

Tandis que l’homme gémissait, étendu près du feu, elle cuisinait ; au matin, elle m’aidait à atteler les chiens, le soir à les dételer, et elle les assistait dans leur travail, leur facilitait la marche en aplanissant la neige de ses raquettes.

Passuk — comment m’expliquerai-je ? J’avais admis une fois pour toutes qu’elle fit tout cela, et je n’y prêtais plus d’attention, tellement j’avais l’esprit préoccupé par d’autres questions. En outre, j’étais jeune et connaissais peu la Femme.

En faisant un retour sur le passé, aujourd’hui seulement je finis par comprendre.

Notre compagnon n’était plus bon à rien.

Malgré l’épuisement des chiens, il se faisait traîner par eux, à la dérobée, quand il restait en arrière.

Passuk dit qu’elle s’occuperait de l’unique traîneau et il ne resta plus rien à faire pour l’homme.

Au matin, je lui tendais sa portion équitable de nourriture, et je l’envoyais seul sur la piste. Alors, la femme et moi levions le camp, chargions les traîneaux et harnachions les chiens.