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Page:London - En pays lointain.djvu/248

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

des trous d’air et des fissures, et pas mal d’eau libre.

Un jour, nous rejoignîmes l’homme, en train de se reposer, car il était parti en avant le matin, comme de coutume. Mais, entre lui et nous, il y avait un espace d’eau, dont il avait fait le tour en suivant la glace du bord, trop étroite pour permettre à un traîneau de passer.

À la fin, nous trouvâmes une passerelle de glace.

Passuk ne pesait pas lourd ; elle marcha la première, tenant horizontalement un long bâton pour le cas où la glace aurait cédé. Elle parvint à traverser, sur ses larges raquettes. Alors, elle appela les chiens. Comme ceux-ci n’avaient ni bâton, ni raquettes, la glace se brisa sous eux et ils furent happés par l’eau.

Je me cramponnais à l’arrière du traîneau. À la fin, les traits se rompirent et les bêtes disparurent sous la glace.

Ils n’avaient pas beaucoup de viande sous la peau, mais je comptais sur eux pour nous fournir de quoi manger pendant une semaine, et voilà qu’ils étaient partis !

Le lendemain, je partageai en trois les maigres provisions qui nous restaient, et j’informai le grand Jeff qu’il avait le choix de nous suivre ou de nous lâcher, car il importait, avant tout, d’accélérer notre allure.

Il éleva la voix, pleurnicha sur ses pieds meurtris, sur ses malheurs, et proféra des paroles blessantes contre la camaraderie.