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Page:London - En pays lointain.djvu/254

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

Elle me dit :

« Tu es mon homme, Charley, et j’ai toujours été une bonne épouse pour toi. Tous les jours, j’ai allumé ton feu et préparé tes aliments, nourri tes chiens, manié la pagaie ou frayé la piste, tout cela sans une plainte.

« Jamais je ne t’ai dit qu’il faisait plus chaud dans la cabane de mon père, ou que la nourriture était plus abondante au Chilcat. Lorsque tu as parlé, j’ai écouté ; lorsque tu as commandé, j’ai obéi. Est-ce vrai, Charley ? »

Je répondis :

— Oui, c’est vrai !

Elle reprit :

« Quand tu es venu au Chilcat et que, sans daigner me regarder, tu m’as achetée comme on achète un chien, et que tu m’as emmenée, mon cœur était irrité contre toi et rempli d’amertume et de crainte. Mais tout cela est loin !

« Tu as été bon pour moi, Charley, comme on est bon pour son chien. Il n’y avait pas de place pour moi en ton cœur ; pourtant, tu m’as traitée avec bienveillance et justice.

« J’étais à tes côtés dans les actes de hardiesse que tu as accomplis et dans les grandes entreprises que tu as dirigées. Je t’ai comparé aux hommes des autres races, j’ai vu que tu pouvais tenir ta place parmi eux avec honneur, que ta parole était sage et ta langue véridique.

« Je suis devenue fière de toi, au point que tu as