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YAN, L'IRRÉDUCTIBLE

Il glissa le tranchant près du doigt de Taylor, et pesa sur les dents de l’homme. Yan tenait bon, et respirait par le nez, en soufflant comma un phoque.

— Hardi tous ! Ça y est !

— Merci bien, Monsieur. Quel soulagement !

Et M. Taylor se mit en devoir d’immobiliser, à pleins bras, les jambes de la victime qui s’agitait éperdument.

Mais, Yan, ensanglanté, écumant, jurant, persistait dans sa rage féroce. Ses cinq années de glaces semblaient s’être transformées d’un coup en un feu infernal. Le groupe chancelait de ci de là, haletait, suait comme un monstre cyclopéen et multipède, jailli des profondeurs de la planète. La lampe fut renversée, s’éteignit en grésillant, et la scène ne fut plus éclairée que par le jour crépusculaire de midi dont la lueur arrivait à peine à percer la toile souillée de la tente.

— Pour l’amour de Dieu ! Yan ! supplia Bill le Rouge, reprends tes esprits. Nous ne voulons ni te faire du mal, ni te tuer, ni rien de tout ça, simplement te pendre. Tu fais un raffut et un gâchis, que c’en est effrayant. Et dire que nous avons pris la piste ensemble, et tu me traites de la sorte ! Je n’aurais jamais cru cela de toi, Yan !

— Il a trop de sillage ! Amarre-lui les guiboles, Taylor, et hale dessus !

— Oui, Monsieur… monsieur Lawson. Quand je vous préviendrai, portez tout votre poids sur lui