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Page:London - En pays lointain.djvu/50

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YAN, L'IRRÉDUCTIBLE

où les rames inexorables étaient plantées dans la neige comme un compas gigantesque.

Bill le Rouge ajusta le nœud coulant, et lui plaça la boucle sous l’oreille gauche, à l’instar du bourreau. M. Taylor et Lawson empoignèrent l’autre corde, n’attendant que l’ordre de hisser. Bill s’attardait à contempler son œuvre avec une satisfaction d’artiste.

— Herr Gott ! Regardez donc !

L’intonation de terreur qui perçait dans la voix de Yan les fit tous se détourner.

La tente aplatie s’était soulevée et, dans le crépuscule grandissant, elle tendait des bras fantomatiques, et titubait dans leur direction.

Mais au même instant, John Gordon, ayant enfin trouvé une issue, en sortait.

— Quel sacré !…

Sa voix s’étrangla dans sa gorge quand il aperçut la scène.

— Hé là ! Je ne suis pas mort ! hurla-t-il, en s’avançant furieux vers le groupe.

— Permettez-moi, monsieur Gordon, de vous féliciter pour vous en être si bien tiré, aventura M. Taylor.

— Il était moins cinq, juste moins cinq !

— Au diable tes félicitations ! J’aurais aussi bien pu crever et pourrir ! Je ne vous dois aucun merci, bande de…

Et là-dessus, les sentiments de John Gordon se traduisirent en un torrent tumultueux de mots