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Page:London - En pays lointain.djvu/71

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QUAND UN HOMME SE SOUVIENT

tenir le lourd revolver Colt assez longtemps pour le mettre en joue.

— Où est ton Dieu maintenant ? dit-il d’un air railleur en remettant l’arme au blessé.

Uri lui répondit :

— Dieu n’a pas encore parlé. Prépare-toi à l’entendre.

Fortuné se plaça devant lui, mais en effaçant la poitrine, de façon à présenter moins de cible.

Uri titubait comme un homme ivre, mais il attendait que la douleur eût desserré ses griffes.

Le revolver était pesant, et, comme Fortuné, Uri eut l’impression qu’il ne pouvait tirer. Mais il le tint à bras tendu au-dessus de sa tête et l’abaissa lentement. Quand la poitrine de Fortuné et le guidon passèrent en ligne devant ses yeux, il pressa la détente.

— Fortuné ne pivota point sur lui-même. Cependant la vision joyeuse de San Francisco s’évanouit et tandis que la neige, étincelante sous le soleil, s’obscurcissait à ses yeux, il cracha sa dernière malédiction sur l’ultime chance dont il n’avait pas su profiter.