Aller au contenu

Page:London - En pays lointain.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
OÙ BIFURQUE LA PISTE

capuchon de sa parka en peaux d’écureuil, et resta debout au milieu d’eux.

Sigmund et les autres, étendus sur la peau d’ours, la saluèrent du nom de Sipsu, ainsi que du familier : Hello ! Mais Hitchcock se déplaça sur le traîneau pour qu’elle pût s’asseoir à côté de lui.

— Et comment ça va, Sipsu ? demanda-t-il, parlant comme elle dans un anglais décousu et en chinook[1] corrompu. La faim sévit-elle toujours au camp ? Et le docteur-sorcier a-t-il enfin trouvé pourquoi le gibier manque et pourquoi l’élan a disparu de la contrée ?

— Non, c’est toujours pareil. Il y a fort peu de gibier et nous nous préparons à manger les chiens. Mais le docteur-sorcier a découvert la cause de tous nos maux, et demain il veut sacrifier aux dieux et purifier le camp.

— Quelle est la victime désignée par le sort ? Un nouveau-né ou quelque pauvre diablesse de squaw vieille et tremblante, à charge à la tribu et dont on voudrait se débarrasser ?

— Ce n’est pas ainsi que le sort a parlé. Pour conjurer ce terrible fléau, on a choisi ni plus ni moins que la fille du chef ; moi-même, Sipsu !

— Enfer !

Le mot vint lentement aux lèvres de Hitchcock, puis éclata, plein et sonore, sur un ton qui trahissait l’émotion et la surprise.

  1. Jargon indien dans lequel entrent des mots français et anglais