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Page:London - En pays lointain.djvu/81

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OÙ BIFURQUE LA PISTE

Elle répondit en souriant :

— La vie n’est pas douce, et pour bien des raisons. D’abord, elle a créé l’un de nous blanc et l’autre rouge, ce qui est injuste ; puis, après avoir fait se rencontrer nos pistes, elle les sépare, et nous n’y pouvons rien. Une fois déjà, les dieux étant courroucés, tes frères sont venus au camp. C’étaient trois hommes vigoureux, et ils dirent, en voyant la victime : « Ce sacrifice n’aura pas lieu. » Mais tous trois périrent peu après, et l’immolation eut lieu tout de même.

Hitchcock fit signe qu’il comprenait, puis, se tournant à demi, éleva la voix :

— Écoutez camarades ! Il se prépare au camp un crime odieux. On va assassiner Sipsu. Que dites-vous de cela ?

Wertz et Hawes se regardèrent, mais aucun d’eux ne desserra les dents.

Sigmund baissa la tête et caressa le chien de berger qu’il tenait entre les genoux. Il avait amené Shep avec lui et était très attaché à l’animal. En fait, certaine jeune fille vers laquelle allaient toutes ses pensées, et dont la photographie qu’il portait dans un médaillon sur la poitrine l’incitait à chanter, lui avait donné le chien en même temps que sa bénédiction, au moment des adieux avant son départ vers le Nord.

— Que dites-vous de cela ? répéta Hitchcock.

— Il se peut que ce ne soit pas si sérieux, répondit Hawes, délibérément. Ce n’est sans doute qu’une imagination de femme.