rocheuse à près de quinze cents mètres au-dessus d’eux. Il les referma aussitôt et son visage se crispa de douleur. Gus lui lança la serviette et le regarda sans compassion se débarrasser du savon inopportun. Lui-même se sentait trop déprimé pour s’intéresser à de pareilles vétilles. Hazard poussa un gémissement.
— Cela te pique… beaucoup ? s’enquit froidement Gus, sans le moindre intérêt, et comme s’il s’inquiétait par pur devoir du bien-être de son camarade.
— Je pense bien ! répliqua le patient.
— Il est fort, le savon, hein ? Je l’ai remarqué moi aussi.
— Ce n’est pas le savon. C’est cela.
Hazard rouvrit ses yeux rougis et tendit la main vers l’innocent petit fanion blanc. C’est cela qui me fait mal.
Sans répondre, Gus Lafee se détourna et s’occupa d’allumer le feu pour préparer le déjeuner. L’étendue de sa déception et de son chagrin lui interdisait toute autre attitude que le silence. Hazard, qui partageait son sentiment, ne desserra pas les dents tandis qu’il prenait soin des chevaux : pas une seule fois il n’appuya sa tête contre leurs cous flexibles ou ne passa des doigts caressants dans leurs crinières. Tous deux demeuraient aveugles aux splendeurs changeantes du lac Miroir qui s’étalait à leurs pieds.
S’ils avaient pris la peine de longer la rive du lac sur une courte distance de cent mètres, à neuf reprises ils auraient