Page:London - L'appel de la forêt, trad Galard, 1948.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
AMITIÉ

a été tant de fois célébré et que jamais on n’admirera assez.

Non seulement John Thornton lui avait sauvé la vie — c’était peu de chose en regard du bienfait quotidien qu’il recevait de lui — mais cet homme comprenait l’âme canine, il traitait ses chiens comme s’ils eussent été ses propres enfants, leur donnait une portion de son cœur. Jamais il n’oubliait de les saluer du bonjour amical ou du mot affectueux qu’ils prisent si fort. Il jouait, s’entretenait avec eux comme avec des égaux ; et Buck, tout spécialement, sentait le prix d’une pareille faveur. Thornton avait une manière de lui prendre les joues à deux mains et de lui secouer la tête rudement, en faisant pleuvoir sur lui (par manière de flatterie) une avalanche d’épithètes injurieuses, qui plongeait le bon chien dans un délire de joie et d’orgueil. Au son de ces jurons affectueux, au milieu de ce rude embrassement, Buck nageait en plein