Page:London - L'appel de la forêt, trad Galard, 1948.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
L’APPEL RÉSONNE

déjà cette tactique aux premiers temps du monde, — Buck se mit tout d’abord en devoir de séparer sa proie du reste du troupeau. Ce n’était pas là une mince besogne, car le vieux mâle était aussi méfiant et rusé que féroce. Le chien dansait en aboyant devant l’élan, l’exaspérant par ses clameurs, tout en ayant bien soin de se tenir à distance respectueuse des andouillers formidables et des terribles pieds plats qui l’eussent écrasé d’une foulée.

L’animal, furieux, fonçait sur Buck qui feignait de fuir pour l’entraîner à sa poursuite. Mais à peine le vieux faisait-il mine de s’écarter du troupeau, que deux ou trois jeunes élans chargeaient le chien à leur tour, ce qui permettait au chef blessé de rejoindre le gros de la troupe.

Les bêtes sauvages savent déployer une patience entêtée, inlassable et tenace comme leur vie même. Et Buck possédait cette patience tout entière.