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L’APPEL DE LA FORÊT

de mansuétude ; tandis que Joe, grincheux, peu sociable, l’œil mauvais, et grognant toujours, était tout l’opposé de ce caractère. Buck les reçut en bon camarade, Dave les ignora et Spitz se mit en devoir de les rosser tour à tour. Billee, pour l’apaiser, remua la queue ; mais ses intentions pacifiques n’eurent aucun succès, et il se mit à gémir en sentant les dents pointues de Spitz labourer ses flancs. Quant à Joe, de quelque façon que Spitz l’attaquât, il le trouva toujours prêt à lui faire face. Les oreilles couchées en arrière, le poil hérissé, la lèvre retroussée et frémissante, la mâchoire prête à mordre, et dans l’œil une lueur diabolique, c’était une véritable incarnation de la peur belliqueuse. Son aspect était si redoutable que Spitz dut renoncer à le corriger, et, pour couvrir sa défaite, il se retourna sur le pauvre et inoffensif Billee et le chassa jusqu’aux confins du camp.