Page:London - L'homme aux léopards, trad Postif, paru dans l'Intransigeant du 25-10-1933.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coup sec de sa badine et revint avec un sourire mélancolique continuer sa phrase comme si rien ne l’avait interrompu.

« … Madame Deville et le roi Wallace se faisaient les yeux doux, tandis que Deville, lui, faisait un sale œil. Nous avions mis Wallace en garde, mais peine inutile : il se moquait de nos appréhensions, comme il se gaussa de Deville en lui plongeant la tête dans un seau de colle un jour qu’il avait manifesté des intentions belliqueuses.

« Ah, oui ! il était joli, Deville ! Je l’ai aidé moi-même à se débarbouiller. Froid comme un concombre, il ne proféra aucune menace. Toutefois, je remarquai, dans ses yeux, une lueur que j’ai vue souvent dans ceux des bêtes fauves et je jugeai prudent d’avertir une dernière fois Wallace. Il ne fit qu’en rire, mais cligna moins souvent de l’œil du côté de Mme Deville.

« Plusieurs mois s’écoulèrent. Rien n’arriva et je commençais à croire que je m’étais fait une montagne de rien. Au cours d’une grande tournée dans l’Ouest du pays, nous nous étions arrêtés à San Francisco, où nous allions donner une matinée. La tente était pleine à craquer de femmes et d’enfants : je cherchais Denis Lerouge, le chef voilier qui, par mégarde, avait emporté mon couteau de poche.