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Son regard était pensif et distrait ; sa voix triste et plaintive, suave comme celle d’une jeune fille, semblait l’émanation d’une profonde mélancolie. En dépit des apparences, c’était l’homme aux léopards. Sa profession, son gagne-pain consistait à s’exhiber, devant une nombreuse assistance, dans une cage de léopards dressés et à faire frémir les spectateurs en déployant certaines preuves d’audace que ses patrons rétribuaient en raison directe de l’angoisse qu’elles suscitaient.

Ainsi que je l’ai dit, il n’avait nullement le physique de l’emploi. Pâlot, étroit de hanches et d’épaules, il paraissait moins écrasé par le chagrin que pénétré d’une douce tristesse subie avec résignation.

Durant une heure entière, je m’étais efforcé de soutirer une histoire de cet être apparemment dénué de toute imagination. Pour lui, point de romanesque