Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/112

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du rivage et il n’osait tirer, même pas par-dessus la tête du gamin.

Ces menaces laissèrent Joë indifférent.

Lui qui n’avait jamais essuyé un coup de feu de sa vie, ne venait-on pas de le canarder à deux reprises en moins d’une heure ? Une fois de plus, qu’importait ? Il continua de ramer comme si de rien n’était, tandis que Pete-le-Français, explosant de rage, lui promettait toutes sortes de châtiments dès qu’il lui mettrait la main dessus. Pour compliquer les choses, Frisco Kid se révolta.

« Essaie un peu de tirer sur lui et tu verras si je ne te fais pas pendre ! menaça-t-il. Laisse-le partir. Ce brave gosse n’a pas été élevé pour la vie abjecte que nous menons, toi et moi.

— De quoi te mêles-tu ? hurla le Français, écumant de rage. Je vais te régler ton compte, à toi aussi, vaurien ! »

Et il s’élança pour saisir Frisco Kid, mais celui-ci prit aussitôt ses jambes à son cou et l’entraîna dans une course éperdue sur le pont du bateau. Une assez forte risée survenant au même instant, Pete-le-Français lâcha la poursuite pour se consacrer à Joë. Il bondit au gouvernail, laissa légèrement filer la grand-voile à la demande, car la brise devenait favorable, et dirigea son sloop tout droit sur Joë. Après un prodigieux effort, Joë, en désespoir de cause, abandonna la partie et rentra ses avirons. Pete-le-Français largua la grand-voile, se mit en perte de vitesse et vint se ranger le long du youyou immobile dont il fit sortir le malheureux Joë.

« Chut ! Pas un mot ! murmura Frisco Kid à