Page:London - La Folie de John Harned, paru dans Gringoire, 21 mai 1937.djvu/16

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pouvait prétendre à la loge voisine de celle du Président, et je tiens de bonne source que celui-ci avait exprimé lui-même à la direction le désir que mon ami obtînt cette haute faveur.

L’orchestre venait d’achever l’hymne national de l’Équateur. Le défilé des toréadors était terminé. Le Président donna le signal de commencer la course. Les trompettes se mirent à sonner et le taureau se rua dans l’arène – vous voyez le tableau d’ici ; hors de lui, rendu fou par les dards brûlant comme du feu son épaule, l’œil égaré, ne cherchant qu’à foncer sur tout ennemi à sa portée. Les toréadors se cachèrent derrière leurs abris et attendirent. Soudain apparurent, venant de tous côtés, les capadores faisant voleter au-dessus de leurs têtes leurs capes de couleur. Ils étaient cinq ; devant un tel nombre d’adversaires, le taureau s’arrêta, irrésolu, ne sachant lequel attaquer le premier. Alors un des capadores s’avança seul au-devant du taureau qui, de ses sabots de devant, grattait furieusement le sable de l’arène et soulevait des nuages de poussière autour de lui. Tête baissée, l’animal s’élança droit sur le capador solitaire.