Page:London - La Folie de John Harned, paru dans Gringoire, 21 mai 1937.djvu/24

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des pelures d’oranges avec toutes sortes d’injures. Cependant, l’odeur du sang finit par le décider et, avisant un capador, il se précipita si brusquement sur lui, que l’homme, pris au dépourvu, ne l’évita qu’à grand-peine : il sauta derrière son abri et abandonna sa cape. Le taureau, emporté par son élan, planta bruyamment ses cornes dans la palissade de l’enceinte.

Et John Harned prononça d’une voix calme, comme se parlant à lui-même :

— Je donnerai mille kilos de sucre à l’hôpital de Quito si un taureau tue un homme aujourd’hui.

— Vous aimez les taureaux, à ce que je vois ? dit Maria Valenzuela avec un sourire forcé.

— Je les préfère en tout cas à ces hommes-là, riposta John Harned. Un toréador n’est pas brave. Voyez ! Le taureau tire déjà la langue, il est fatigué avant d’avoir commencé !

— C’est l’eau, expliqua Luis Cervallos.

— Oui, c’est l’eau, répéta John Harned. Ne serait-il pas plus prudent de couper les jarrets au taureau avant son entrée ?