Page:London - La Folie de John Harned, paru dans Gringoire, 21 mai 1937.djvu/40

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— Non, répondit Luis Cervallos. J’ai vu, à Séville, tuer dix-huit chevaux en une seule journée, et le public en réclamait d’autres à cor et à cri.

— Avaient-ils les yeux bandés comme celui-ci ? demanda John Harned.

— Oui, répondit Luis Cervallos.

Nous cessâmes de parler pour suivre les péripéties du combat. Et dire que pendant tout ce temps-là John Harned devenait fou, et à notre insu !

Le taureau refusait d’attaquer le cheval. Celui-ci ne bronchait pas, et comme il ne pouvait voir, il ne s’imaginait pas que les capadores s’efforçaient de lancer le taureau sur lui. Les capadores agaçaient l’animal avec leurs capes, et dès qu’il fonçait sur eux, ils l’attiraient vers le cheval puis disparaissaient dans leurs abris. À la fin, le taureau, mis en fureur, aperçut le cheval devant lui :

— Le cheval ne voit pas, le cheval ne sait pas, murmurait John Harned comme se parlant à lui-même, sans se douter qu’il exprimait tout haut ses pensées.