Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/117

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épines. Le Chauffeur la poursuivit et il la rejoignit vers l’aube.

« Il commença à la frapper. Vous me comprenez bien, n’est-ce pas ? Il frappait de ses énormes poings la frêle jeune femme. Il voulait que, désormais, elle lui obéît en tout. Il prétendait qu’elle fût désormais son esclave. C’était elle qui ramasserait le bois pour faire le feu, pour s’occuper de la cuisine et des plus viles besognes. Elle qui, de sa vie, n’avait connu le moindre travail manuel. Et elle obéit. Elle subit son amour et se fit sa domestique. Tandis que lui, un vrai sauvage, se reposait tout le jour, en donnant des ordres à son esclave, en surveillant leur exécution. En dehors du soin de chasser la viande et de pêcher le poisson, ce fainéant se tournait les pouces, du matin au soir, du soir au matin. »

Bec-de-Lièvre approuva et déclara aux autres garçons :

— C’est bien là le portrait du Chauffeur. Je l’ai connu avant sa mort. C’était un homme peu ordinaire. Il fabriquait, pour se distraire, des mécaniques qui marchaient toutes seules. Mon père à moi avait épousé sa fille. Il les