Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/119

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une reine de la vie, par sa naissance et par son mariage. Dans le creux de sa petite main blanche et rose, elle tenait le sort de millions d’hommes et elle commandait à des centaines d’autres domestiques, tout pareils, au point de vue social, au Chauffeur. Durant les jours qui avaient précédé la Peste Écarlate, le plus léger contact avec un être de cette sorte eût été pour elle une ineffaçable souillure. Oui il en était ainsi autrefois.

« Je me souviens avoir vu un jour Mistress Goldwyn, la femme d’un autre Magnat ; au moment où elle montait sur la plate-forme d’embarquement de son grand dirigeable. Elle laissa choir son ombrelle. Celle-ci fut ramassée par un domestique, qui s’oublia jusqu’à lui présenter directement l’objet ; oui, à elle-même, la femme toute-puissante. Elle recula, comme si elle avait eu en face d’elle un lépreux, et fit un signe à son secrétaire, qui ne la quittait pas, afin qu’il prît l’ombrelle et la lui remit. Elle ordonna en outre que fût relevé le nom de l’audacieux domestique et qu’on le renvoyât sur-le-champ. Vesta Van Warden était une femme de ce