Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/122

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belle femme du monde, elle lui préparait sa nourriture et soignait les enfants qu’il lui avait faits.

— Tu as eu ton heure, camarade ! me dit-il. J’ai la mienne, aujourd’hui. Et elle me convient fort, par ma foi ! Le passé est fini, bien fini, et je ne tiens pas à y revenir.

« C’est ainsi qu’il me parla. Mais pas avec les mêmes mots. Car c’était un homme horriblement vulgaire et il ne pouvait rien dire sans proférer les plus épouvantables jurons. Il ajouta que, s’il me surprenait à cligner de l’œil vers sa femme, il me tordrait le cou et la battrait, jusqu’à ce qu’elle en reste sur le carreau. Que pouvais-je faire ? J’avais peur, car il était le plus fort.

« Dès le premier soir où je découvris le campement du Chauffeur, Vesta et moi, nous avions eu une longue conversation, touchant bien des choses aimées de l’ancien monde évanoui. Nous avions causé livres et poésie. Le Chauffeur nous écoutait, en grimaçant et en ricanant. Cela l’ennuyait et l’irritait d’entendre parler de ce qu’il ignorait et ne pouvait comprendre.