Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/124

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environne et qui n’avez rien connu du passé…

« Le Chauffeur semblait la couver des yeux, tandis qu’elle peinait à cette besogne immonde.

— Elle est, dit-il, rompue à la bride et au licol, professeur Smith. Un peu têtue parfois. Oui, un peu têtue. Mais un bon coup de poing ou une forte gifle sur la joue la rendent rapidement aussi gentille et douce qu’un agneau.

« Un beau jour, le Chauffeur me parla comme suit :

— Tout est à refaire ici-bas, professeur. C’est à nous de multiplier et de repeupler la terre. Tu n’as pas de femme et je ne suis point disposé à te prêter la mienne. Ce n’est pas ici le Paradis Terrestre. Mais je suis bon bougre. Écoute-moi, professeur Smith !

« Il me montra du doigt leur dernier enfant à peine âgé d’un an.

— C’est une fille, continua-t-il. Je te la donne pour femme. Seulement il te faudra attendre qu’elle ait un peu grandi. Riche idée, n’est-ce pas ? Ici nous sommes tous égaux et, s’il y avait une hiérarchie, c’est moi