Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/153

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son vêtement. Là, sous la chemise, à même sa peau nue, était un paquet de biscuits, enveloppé dans un mouchoir. C’était le seul moyen d’empêcher les biscuits de geler. Il se sourit à lui-même, satisfait en songeant que chacun de ces biscuits, après avoir été fendu en deux, avait été trempé dans du lard fumé, préalablement fondu, et renfermait, comme un sandwich, entre ses deux morceaux rapportés, une tranche grillée de ce même excellent lard.

L’homme s’engouffra sous les grands sapins. La piste qu’il suivait était à peine tracée. Une couche de neige était tombée, depuis le passage du dernier traîneau. Et il se réjouissait d’aller à pied, légèrement, sans autre charge que son déjeuner dans sa chemise.

Ce froid, pourtant, le surprenait. De sa main, sans la sortir de la mitaine, il se frotta le nez, qui était gourd, puis la saillie de ses pommettes. Une barbe rousse abondante lui encadrait tout le visage. Mais les poils drus ne protégeaient point les pommettes qui saillaient, ni le nez qui, comme un cap, se projetait en avant, agressif, dans l’air glacé.