Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/162

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commença aussitôt à se lécher, puis, cette opération étant insuffisante, à enlever à coups de dents les lamelles de glace qui pendaient de tous ses poils. Un mystérieux instinct lui commandait d’agir ainsi. L’homme, qui savait qu’autrement la bête ne pourrait plus continuer son chemin, vint à son secours. Il sortit de la mitaine sa main droite et arracha aussi les glaçons. Il n’exposa pas ses doigts, plus d’une minute, à la morsure de l’air et fut stupéfait de l’engourdissement rapide dont ils étaient saisis. Oui, certes, il faisait grand froid. Il remit en hâte sa mitaine et se frappa violemment la main contre la poitrine.

À midi, la clarté atteignit son apogée. Le soleil, cependant, dans sa course hivernale, était trop loin vers le sud pour pouvoir surgir à l’horizon arctique. Le ciel était toujours pur et sans nuages, et pourtant le corps de l’homme ne projetait aucune ombre sur l’Henderson Creek.

À midi et demi précis, l’homme arrivait à la première fourche de la rivière. Il était satisfait de la vitesse à laquelle il avait marché.