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Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/32

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dents de la mâchoire d’un des squelettes.

— Seigneur, que fais-tu là ? répéta le vieux, tout effaré.

— C’est pour en fabriquer un collier… répondit le gamin.

Les deux autres garçons imitèrent Edwin, grattant ou cognant, de la pointe ou du dos de leurs couteaux. Le vieux gémissait :

— Vous êtes des sauvages, de vrais sauvages. La mode vient déjà de porter des parures de dents humaines. La prochaine génération se percera le nez et les oreilles, et se parera d’os d’animaux et de coquillages. Aucun doute là-dessus. La race humaine est condamnée à s’enfoncer de plus en plus dans la nuit primitive, avant de reprendre un jour sa réascension sanglante vers la civilisation. Le sol, aujourd’hui, est trop vaste pour les quelques hommes qui y survivent. Mais ces hommes croîtront et multiplieront et, dans quelques générations, ils trouveront la terre trop étroite et commenceront à s’entretuer. Cela, c’est fatal. Alors ils porteront à la taille les scalps de leurs ennemis, comme toi, Edwin, qui es le plus gentil de mes petits-