Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/62

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d’aller présenter mon rapport au Président de la Faculté, je trouvai devant moi le désert. Seuls quelques traînards traversaient encore les cours intérieures pour s’enfuir chez eux. Certains couraient.

« Je trouvai le Président Hoag dans son bureau, seul et pensif. Il me parut plus vieux et plus blanchi, avec les rides de sa figure qui se marquaient d’une façon anormale.

« Quand il m’aperçut, il parut revenir à lui, se leva, et se dirigea en titubant vers la porte de son bureau qui était opposée à celle par où j’étais entré. Il sortit, fit claquer cette porte derrière lui, il en ferma à clef la serrure.

« Il savait, vous comprenez bien, que j’avais été exposé à la contagion, et il prenait peur. À travers la porte il me cria de m’en aller. Je fis ainsi et jamais je n’oublierai la sensation terrible que j’éprouvai en retraversant les cours et les corridors déserts. Ce n’était pas que je craignisse. J’avais été exposé et déjà je me considérais comme mort.

« Mais devant cet arrêt soudain de l’existence, dont j’avais été témoin autour de moi, il me semblait que j’assistais à la fin du monde.