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Page:London - La brute des cavernes, trad Gruyer et Postif, 1934.djvu/17

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LA BRUTE DES CAVERNES

propres yeux, juger ce qu’il est. C’est préférable ainsi. Voici toujours ses gants…

« En ce qui me concerne, ma carrière est terminée. J’aurai quatre-vingt-un ans en janvier prochain. Ce n’est pas mal pour un ancien boxeur. Mais je n’ai fait d’excès d’aucune sorte, ni brûlé la chandelle par les deux bouts.

« La chandelle était bonne et je l’ai fait durer le plus longtemps possible. Regarde-moi et donne ton avis.

« J’ai élevé le petit dans les mêmes principes. Que penses-tu d’un gamin de vingt-deux ans qui n’a jamais, à son âge, bu une goutte d’alcool ni fumé une pipe ou une cigarette. Épatant, ça ?

C’est un vrai géant, demeuré un enfant de la nature. Tu m’en diras des nouvelles quand il t’emmènera chasser avec lui.

« C’est lui qui portera l’équipement, et le gibier par surcroît, si lourd qu’il soit. Et tu t’essouffleras à le suivre.

« Hiver comme été, il dort en plein air quand la fantaisie lui en prend. Ce qui me tracasse, c’est de savoir comment il s’habituera, dans une ville, à ne jamais passer la nuit dehors.

« Et comment aussi il supportera, sur le ring, la fumée du tabac. C’est terrible, cette fumée qui alourdit l’atmosphère lorsque l’on est en plein combat, et vous empêche de respirer.

« Pour le quart d’heure, je t’en ai assez dit, mon cher Sam. Tu parais fatigué et sûrement tu