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poste du Reindeer ; au cours de la mêlée, il faillit avoir la cervelle fracassée par une barre de fer que brandissait French Frank. furieux de voir un homme possédant l’usage de ses deux bras en attaquer un autre dont une main était invalide. (Si le Reindeer flotte toujours, la marque de la barre de fer doit subsister dans la lisse en bois dur de son poste.)

Mais Nelson retira de l’écharpe sa main trouée d’une balle : tandis que nous le retenions, il hurlait en pleurant, sur sa foi de Bereker, qu’il viendrait à bout de Soup Kennedy avec une seule main. Nous les laissâmes se débrouiller sur le sable. À un moment où Nelson semblait avoir le des sous, French Frank et John Barleycorn, mauvais joueurs, intervinrent sournoisement dans la lutte ; aussitôt Scotty protesta et essaya d’atteindre French Frank, celui-ci fit volte-face et lui tomba dessus et, l’ayant fixé dans un corps-à-corps après une glissade de vingt pieds sur le sable commença à le marteler de coups de poings. Comme nous essayions de les séparer, une demi-douzaine de batailles particulières s’engagèrent entre nous.

Elles prirent fin de façon ou d’autre. Nous séparâmes mes combattants les plus enragés en leur offrant à boire. Cependant Nelson et Soup Kennedy continuaient à se colleter. De temps en temps, nous reformions le cercle autour d’eux, et, les voyant épuisés, sur le sable, incapables de frapper un autre coup, nous leur donnions des avis de ce genre : « Lance-lui du sable dans les yeux ! » Ils suivaient notre conseil, puis, reprenant des forces, s’empoignaient de nouveau. La bataille dura jusqu’à qu’à l’épuisement des adversaires.