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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/105

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les plus sauvages de Californie et d’Oregon. Tous les matins j’abattais régulièrement ma besogne de romancier. Cette tâche accomplie, je filais en voiture pendant toute la matinée et l’après-midi jusqu’à la prochaine halte. Mais l’irrégularité des étapes, jointe aux conditions extrêmement variées de la route, m’obligeait, la veille, à établir un itinéraire ainsi qu’un plan de travail pour la journée suivante. Je devais savoir l’heure de mon départ, afin de commencer à temps mon ouvrage littéraire et ainsi obtenir mon rendement quotidien. Parfois, lorsque le trajet s’annonçait long, je me levais et me mettais au travail dès cinq heures du matin. Les jours où les circonstances étaient plus propices, je ne prenais ma plume qu’à neuf heures.

Mais le moyen pratique d’établir ces plans ? Dès que j’entre dans une ville, je remise mes chevaux, et dans le trajet de l’écurie à l’hôtel, je pénètre dans un cabaret. Tout d’abord je commande une consommation — oh ! j’en ai besoin, certes, mais il ne faut pas perdre de vue que c’est précisément dans un désir de me renseigner, que j ai contracté jadis l’envie de boire.

La première chose, en entrant, est de demander un verre, puis d’en offrir un au patron. Ensuite, tout en buvant, je commence à poser des questions au sujet des routes et des auberges que je rencontrerai plus loin.

— Voyons un peu, répond le tenancier, vous avez la route plus loin qui traverse la ligne de partage de la Tarwater. Elle était bonne, dans le temps. J’y ai passé il y a trois ans. Mais elle a été obstruée ce printemps. Attendez, vous allez savoir ce qu’il en est. Je vais demander à Jerry.