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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/205

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à écrire un feuilleton de vingt et un mille mots pour Youth’s Companion. Je composai et dactylographiai le tout en sept jours. Sans doute est-ce pour cette raison que le manuscrit me fut retourné.

Mais le voyage d’aller et retour demanda quelque temps, et j’en profitai pour me faire la main à écrire des nouvelles. J’en vendis une à la revue mensuelle Overland Monthly. Le Chat Noir me donna quarante dollars pour une autre, Overland Monthly m’offrit sept dollars et demi, payables à la publication pour toutes les nouvelles que je leur fournirais. Je retirai de chez ma tante ma bicyclette, ma montre et l’imperméable de mon père, et louai une machine à écrire. J’acquittai les notes que je devais à plusieurs boutiquiers qui m’avaient ouvert de petits crédits. Je me rappelle le petit épicier portugais que ne laissait jamais mes dettes dépasser quatre dollars. Hopkins, un de ses confrères, devenait intraitable dès que mon compte s’élevait à cinq dollars.

Sur ces entrefaites, je fus convoqué au bureau de poste pour y commencer mes fonctions, ce qui me plaça dans un affreux dilemme. Les soixante-cinq dollars que je pouvais gagner régulièrement chaque mois me tentaient à un tel point que je ne savais quel parti prendre. Mais je n’oublierai jamais l’attitude du directeur de la poste d’Oakland. Lorsque je me trouvai devant lui, je lui parlai d’homme à homme, en lui exposant franchement la situation. Je lui confiai toutes les promesses que me faisait entrevoir mon nouveau métier d’écrivain. Les chances étaient bonnes, mais pas certaines. Je lui demandai