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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/41

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Un jour, tandis que je hissais la voile de mon bateau, je fis la connaissance de Scotty. C’était un solide gars de dix-sept ans. Il venait de déserter, me dit-il, en Australie, d’un vaisseau anglais sur lequel il était mousse. Revenu à San Francisco sur un autre bâtiment, il cherchait à s’embaucher à bord d’un baleinier.

De l’autre côté de l’estuaire, près des baleiniers, était amarré le sloop-yacht Idler. Le surveillant, un harponneur, avait l’intention de s’embarquer pour son prochain voyage sur la baleinière Bonanza. Voudrais-je bien le prendre, lui Scotty, sur mon canot, et le conduire auprès de cet homme-là ?

Si je voulais ! N’avais-je pas entendu toutes les histoires, vraies ou fausses, qui circulaient à propos de l’Idler, cet énorme sloop qui revenait des îles Sandwich où il faisait la contrebande de l’opium ? Et le harponneur qui en avait la garde ! Combien de fois, en le voyant, j’avais envié sa liberté ! Rien ne l’obligeait à mettre pied à terre ; il dormait à bord toutes les nuits, tandis qu’il me fallait, moi, rentrer en ville pour me coucher. Ce harponneur (c’était lui qui l’affirmait) n’avait que dix-neuf ans, mais c était, à mes yeux, une personnalité trop brillante pour que j eusse osé le questionner, lorsque, à distance respectueuse, je pagayais autour de son yacht.

Si je voulais emmener Scotty, le mousse déserteur, rendre visite au harponneur sur l’Idler, navire qui faisait la contrebande de l’opium ? Et comment !

Le harponneur parut sur le pont en réponse à notre appel et nous invita à monter à bord. Je jouai au marin et à l’homme. J’écartai suffisamment