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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/81

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Tandis que nous vidions nos chopes, que j’avais payées, il devait naturellement causer avec moi. Johnny, en bistrot bien stylé, plaça à propos quelques mots qui nous suggéraient des sujets de conversation d’intérêt mutuel. Et, après avoir bu ma tournée, le capitaine Nelson devait m’en offrir une autre, ce qui prolongea notre discussion. Johnny nous abandonna pour d’autres clients.

Plus nous absorbions de liquides, plus le capitaine Nelson et moi devenions amis. Il trouvait un auditeur attentif, qui, grâce à ses lectures, en connaissait déjà long sur l’existence du matelot qu’il avait vécue. Il se reporta à ses jours de jeunesse intrépide et me gratifia de curieuses anecdotes. La bière ne cessait de couler, tournée après tournée, pendant tout ce bel après-midi d’été. C’est encore à John Barleycorn que j’étais redevable de cette longue causerie avec le vieux loup de mer.

Johnny Heinhold se pencha sur le comptoir pour m’avertir discrètement que je commençais à m’émoustiller, et me conseilla de me modérer. Mais tant que je voyais le capitaine Nelson absorber de grands verres, mon orgueil m’interdisait de demander autre chose. Lorsqu’il se décida enfin à en commander de petits — et pas avant —je suivis le mouvement.

Oh ! quand vint le moment des adieux, ils furent touchants : car j’étais ivre. Mais j’avais la satisfaction de voir que le Vieux Griffeur ne l’était pas moins que moi. Et seule ma modestie d’adolescent se refusa à admettre qu’il le fût encore plus.

Quelques jours après, l’Araignée, Pat, le