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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/122

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LE LOUP DES MERS

décisive que je venais de gagner et je refusai d’en compromettre le bénéfice en serrant la main qui m’était offerte.

— Ça va, ça va… déclara sans fierté Thomas Mugridge. Prends-la ou ne la prends pas. Je t’ai quand même à la bonne.

Et pour sauver la face, il se tourna furieusement contre les spectateurs, en criant :

— Débarrassez la porte de ma cuisine, bande de fumiers !

Cet ordre fut renforcé par la menace d’une bouilloire remplie d’eau fumante. Du coup, tous les matelots déguerpirent. Ce fut, pour Thomas Mugridge, une espèce de victoire, qui lui permit d’accepter plus gracieusement la défaite que je lui avais infligée.

Les chasseurs de phoques, que n’intimidait pas le coq, se retirèrent les derniers. J’entendis Smoke dire à Horner :

— Maintenant le coq est fichu !

— Tu parles ! répondit l’autre. Désormais, c’est Hump qui va diriger la cuistance et Mugridge va filer droit.

Le coq, ayant saisi ces paroles, me lança un coup d’œil de défi. Mais je feignis de n’avoir rien entendu.

Je n’avais pas cru ma victoire aussi complète mais je compris bientôt qu’elle l’était. À mesure que les jours s’écoulaient, la prophétie de Smoke se réalisait.

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