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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/127

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JACK LONDON

l’équerre en main, il reportait ses calculs sur une grande feuille de papier calque.

Il me salua allègrement.

— Bonjour, Hump ! ce travail que je suis en train de faire est une invention dont je suis l’auteur. Je procède à une dernière mise au point.

— Mais de quoi s’agit-il ? demandai-je.

— D’un procédé nouveau, destiné à faciliter le travail des navigateurs. Il réduit à presque rien les calculs nécessaires à la conduite d’un bateau. Un enfant les réussirait !

« L’indispensable est seulement de repérer une étoile au ciel dans la nuit sombre. Il suffit alors de placer mon dispositif sur une carte astrale et de reporter, sur la table que j’ai établie, le chiffre des degrés qu’on a relevés. Et en moins de deux, vous obtenez votre emplacement exact.

La voix de Loup Larsen était toute joyeuse et ses yeux étincelaient, aussi bleus que la mer.

— Vous devez être calé en mathématiques ! répondis-je. Où avez-vous fait vos études ?

— Nulle part, hélas ! Je n’ai jamais mis le pied dans une école. J’ai pioché tout seul… Mais, reprit-il brusquement, si j’ai travaillé à cette invention, n’allez pas croire que c’est par philanthropie, ni pour laisser mon empreinte sur le sable des temps !

Et il éclata d’un rire railleur.

— Pas du tout ! C’est en vue de faire breveter mon procédé et d’en tirer du bon argent sonnant,

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