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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/148

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LE LOUP DES MERS

lenteur et pondération, que vous avez une dent contre moi. Vous ne pouvez pas m’encaisser. Vous… vous…

— Continue, souffla Larsen. N’aie pas peur de m’offenser.

Je vis, sous l’insolence mal dissimulée de Loup Larsen, l’homme rougir légèrement sous son hâle.

— Je n’ai pas peur, dit-il. Si je m’exprime mal, c’est parce que j’ai quitté mon pays depuis aussi longtemps que vous, au moins… Je voulais dire que vous ne m’encaissez pas, parce que j’ai trop le sentiment de ma dignité d’homme. Voilà la raison, capitaine.

— Ce qui signifie, si je comprends bien, que tu ne sais pas suffisamment plier pour te soumettre à la discipline d’un bateau.

— Si vous voulez… Ce n’est pas exactement ça mais les mots précis me manquent pour m’exprimer.

Et il rougit davantage, comme honteux de son infériorité intellectuelle.

— Johnson… reprit Loup Larsen, en écartant brusquement tous ces préliminaires pour en venir au sujet principal. On m’a raconté que tu n’es pas satisfait de ton ciré.

— C’est la vérité. Il ne vaut rien.

— Et tu es allé le dire à tout le monde.

— Je dis ce que je pense, capitaine. C’est mon habitude… affirma Johnson, avec courtoisie, mais fermeté.

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