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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/152

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LE LOUP DES MERS

bien dix minutes encore, qui me parurent des siècles. Loup Larsen et le second s’acharnaient sur le matelot.

Ils le frappaient des poings, lui assenaient des coups répétés de leurs lourdes chaussures, le projetaient à terre, puis le remettaient debout, pour l’envoyer s’étaler une nouvelle fois de tout son long.

Johnson, totalement aveuglé, ne voyait plus rien autour de lui. Le sang lui coulait du nez, de la bouche et des oreilles ; la cabine était transformée en abattoir.

Et, quand il lui fut impossible de se tenir sur ses pieds, les deux hommes continuèrent à le frapper, des pieds et des poings, sur le plancher où il gisait.

— Doucement, Johansen… se décida à dire enfin Loup Larsen. Ça suffit.

Mais la bête était déchaînée chez le second, qui ne s’arrêtait pas.

Loup Larsen dut le repousser du revers de son bras ; ce geste, assez bénin en apparence, le rejeta en arrière, si rudement que la tête de Johansen alla frapper la cloison comme un bouchon.

Puis il m’ordonna :

— Ouvrez, Hump ! Ouvrez tout grand !

J’obéis, et les deux hommes, ayant ramassé Johnson, aussi inerte qu’un sac de chiffons, le balancèrent, puis, par l’escalier, le jetèrent sur le pont. Il alla s’écrouler devant l’homme de barre, qui n’était autre que Louis, son camarade de canot.

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