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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/178

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LE LOUP DES MERS

et il y avait huit matelots. L’atmosphère était lourde de la chaleur naturelle de l’air et des relents de leurs haleines, et l’oreille s’emplissait de leurs ronflements, de leurs soupirs et de leurs grognements.

Tous dormaient-ils vraiment, depuis combien de temps et en toute sérénité de l’âme ? C’était le point que Loup Larsen chercherait à éclaircir. Personne ne bronchait.

Loup Larsen décrocha de son piton la lampe à roulis et me la tendit. Puis, pendant que je l’éclairais, il commença son inspection.

Dans la première couchette par tribord, de la rangée supérieure, reposait Oofty-Oofty, un Canaque splendide, ainsi baptisé par les autres matelots. Il était étendu sur le dos et respirait aussi doucement qu’une femme, un bras sous sa tête et l’autre allongé sur la couverture. Loup Larsen mit sur le poignet de l’homme son pouce et son index, et en palpa le pouls.

Le Canaque s’éveilla, aussi placidement qu’il dormait, et sans aucun mouvement du corps. Seuls bougèrent ses yeux, qui s’ouvrirent tout grands, énormes et noirs, et qui nous observèrent, sans un clignotement des paupières.

Loup Larsen mit son doigt sur ses lèvres, pour recommander le silence au dormeur, et les yeux se refermèrent.

Dans la couchette en dessous gisait le gros Louis, qui avait chaud et transpirait. Il était

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