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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/238

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LE LOUP DES MERS

Je me bornai, selon les ordres de Loup Larsen, à la servir et à lui donner tous les soins nécessaires. Je lui préparai une lotion calmante pour lui décongestionner le visage. J’allai également fouiller dans les provisions personnelles de Loup Larsen, où je pris une bouteille de porto que je savais s’y trouver, et que je rapportai. Puis j’ordonnai à Thomas Mugridge de mettre des draps à la couchette.

Le vent fraîchissait de plus en plus et lorsque, la cabine une fois en ordre, j’allais remonter sur le pont, le Fantôme commençait à donner de la bande et fendait l’eau à belle allure.

J’avais complètement oublié l’existence de Leach et de Johnson, quand soudain, tel un coup de tonnerre, un cri retentit, qui vint jusqu’à moi :

— Ohé ! Le canot !

C’était la voix de Smoke, retourné en vigie sur le grand mât.

Je jetai un coup d’œil vers l’inconnue. Apparemment, elle n’avait pas entendu. Renversée sur son fauteuil, les yeux fermés, elle paraissait dormir.

Je songeai que cela valait mieux ainsi et qu’il était inutile qu’elle eût le spectacle des brutalités qui suivraient, sans aucun doute, la capture de deux déserteurs.

Sur le pont, les ordres se succédaient rapidement. Il y avait des piétinements, des voiles qui claquaient. Loup Larsen modifiait évidemment l’orientation du navire et, à la suite d’un violent coup de tangage, le fauteuil où la dame était assise faillit

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