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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/244

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LE LOUP DES MERS

de nous. Sa situation était désespérée. Johnson était au gouvernail et Leach écopait.

Loup Larsen fit un signe, et le timonier donna un tour de roue, de façon que nous passions à portée de l’embarcation, qui nous fut bientôt parallèle.

Alors Johnson abattit la voile, Leach lâcha son écope, et tous deux attendirent l’instant propice où, une vague les élevant à notre niveau, ils seraient cueillis par nous.

Leurs regards se croisèrent avec ceux des hommes du Fantôme. Il n’y eut ni salutations, ni cris de bienvenue. Personne ne doutait que les deux revenants ne soient deux condamnés à mort.

Loup Larsen, cependant, ne donna aucun ordre et la goélette continua à aller de l’avant. L’instant d’après, de la poupe où je me tenais avec Loup Larsen, je vis, dans le canot que soulevait une lame, Johnson qui me regardait. Ses traits étaient défaits et ses yeux hagards.

Je lui fis signe de la main, et il répondit à mon salut par un geste découragé, qui semblait un adieu. Quant à Leach, je ne sus pas ce que disaient ses yeux, car ils dardaient, sur Loup Larsen, leur vieille et implacable haine.

Le Fantôme passa et laissa derrière lui le canot. Louis restait à la barre, imperturbable, et, contrairement à l’attente de l’équipage, Loup Larsen ne donnait toujours pas l’ordre de mettre en panne.

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