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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/322

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LE LOUP DES MERS

— Je serais perdu,… répondit-il. Mais avez-vous réfléchi à ce qui vous attendrait ?

Avant même que j’aie eu le temps de m’en informer, il m’avait saisi à la gorge, avec sa poigne de gorille, et, d’une légère pression de ses muscles — bien peu de chose en réalité — il me fit comprendre ce que serait la torsion réelle, sous laquelle il me briserait le cou.

Puis il me relâcha.

— Et si c’était moi qui criais ? interrogea Maud.

— Je vous aime trop pour vous faire du mal…, répondit Loup Larsen très doucement, avec, dans sa voix, une caresse amoureuse qui me fit frémir.

« Mais vous ne crierez pas. Car de toute façon c’est à M. Van Weyden que je tordrais le cou.

— S’il ne tient qu’à ça, intervins-je, je l’autorise à appeler.

— J’ai peine à croire que Miss Brewster se résigne à sacrifier l’éminent critique de la littérature américaine, ricana Loup Larsen.

Nous nous tûmes tous trois. Les feux rouge et blanc passèrent et, quand ils eurent disparu, nous regagnâmes le carré, pour continuer notre dîner.

Loup Larsen ramena la conversation sur l’amour et sur ses poètes, et Maud nous récita, avec une perfection admirable, l’Impenitentia ultima de Dowson.

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