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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/326

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LE LOUP DES MERS

suivant son conseil, je gagnai ma couchette.

Pour quelle raison mystérieuse je me couchai tout habillé, je ne saurais le dire.

Pendant quelque temps encore, j’écoutai la clameur des chasseurs de phoques, tout en songeant, avec délices, au bel amour qui était né en moi.

Puis, peu à peu, les chants et les cris s’évanouirent, mes yeux se fermèrent et ma conscience sombra dans cette demi-mort qu’est le sommeil.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’ignore quelle intuition secrète m’éveilla. Toujours est-il qu’après un laps de temps que je ne saurais évaluer, je me trouvai debout, hors de ma couchette, l’âme vibrante à l’approche d’un danger inconnu, comme si l’appel d’une trompette l’avait fait frissonner.

Poussé par la même force secrète, j’allai vers la cabine occupée par Miss Brewster et en poussai la porte, qui s’ouvrit d’elle-même.

La lampe était baissée et, à sa faible lueur, devant moi je vis Maud, ma bien-aimée, qui se débattait, de toutes ses forces, sous l’étreinte écrasante de Loup Larsen.

Lutte inutile et sans espoir. Je voyais son délicat visage pressé contre la poitrine de son assaillant, qu’elle essayait vainement de repousser. Je vis la scène et compris en l’espace d’une seconde. Je bondis vers eux.

Comme Loup Larsen relevait sa tête, qui

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