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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/35

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Jack London

et certainement il nous croiserait de très près.

Le vent avait fraîchi et le soleil, de nouveau caché par la brume, avait peu à peu disparu. La mer s’était ternie, elle aussi. Elle prenait des tons plombés, grossissait de plus en plus et lançait vers le ciel les crêtes blanches de ses écumes.

Notre allure s’était accélérée et nous donnions davantage de la bande. Sous une rafale plus forte, une grosse vague passa par-dessus la lisse, le pont fut submergé et balayé par l’eau, et le groupe des chasseurs de phoques eut les pieds inondés.

— Ce bateau vient sur nous, dis-je à Loup Larsen, il passera bientôt à portée de voix. Il se dirige sans doute vers San Francisco.

— C’est très probable, en effet… répondit Loup Larsen, tout en détournant légèrement la tête. Puis il se prit à beugler :

— Cuistot ! Hé, cuistot !

Le coq surgit aussitôt de la cuisine.

— Où est le mousse ? Va lui dire que je veux le voir !

— Oui, capitaine.

Et Thomas Mugridge, ayant rapidement couru vers l’arrière, disparut par une autre écoutille, près de la roue du gouvernail.

Il en émergea quelques instants après, suivi d’un jeune gars trapu, qui pouvait compter dans les dix-huit ou dix-neuf ans, et avait l’air d’une gouape.

— Le voici, capitaine, dit le coq.

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