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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/5

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Il me toisa d’un air méprisant, en se renversant en arrière, pour ne pas perdre l’équilibre. Et il s’écria ou, plus exactement, beugla :

— Et la vitesse du courant qui se précipite à travers la Porte d’Or[1] ça vous dit rien, non ? Pour un courant, c’en est un. Tenez, écoutez… C’est une bouée à cloche ! Et nous passons par-dessus ! Le pilote donne un coup de barre, pour changer sa direction.

Le glas lugubre d’une cloche montait en effet, de la mer, dans le brouillard opaque. Le pilote avait rapidement tourné la roue du gouvernail. La cloche sonnait maintenant à bâbord.

La sirène de notre bateau se mit aussi à mugir, et d’autres bruits de sirènes nous parvinrent. L’une d’elles retentit soudain par tribord.

— Vous avez entendu ? me demanda-t-il. C’est un autre bac… Tiens, encore… Une goélette, sûrement… Attention, mon vieux schooner ! Sinon il y aura de la casse avant peu.

Le bac invisible actionnait, sans arrêt, sa sirène à vapeur et la corne de la goélette, qu’on soufflait à la bouche, déchirait l’air de sons terrifiants.

— Ils se font des politesses… Écoutez-moi ça… À présent, les voilà tirés d’affaire !

En effet, le vacarme avait tout à coup cessé.

L’homme était ravi de traduire pour moi les

  1. Détroit qui fait communiquer la baie de San Francisco avec la mer.