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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/76

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LE LOUP DES MERS

d’un coup de poing. Oui, mon vieux. Il l’a tué raide. Il l’a frappé à la tête ; elle a éclaté comme une coquille d’œuf.

« Autre chose encore… Imagine-toi que le Gouverneur de l’île de Kura, flanqué du chef de la Police, deux mecs importants au Japon, c’est moi qui te le dis, avaient été invités par Loup Larsen à venir lui rendre visite sur le Fantôme. Ils avaient amené leurs femmes, tu sais, de jolies petites mignonnes, comme on en voit sur les éventails. La visite terminée, les maris étaient déjà redescendus dans leur sampan, voilà-t-il pas que, sous prétexte d’une manœuvre, Loup Larsen lève l’ancre et se tire ?

« Une semaine après, il faisait remettre à terre les pauvres petites dames, sur la face opposée de l’île. Elles avaient plus qu’à rentrer chez elles à pied. C’est-à-dire à se taper un nombre respectable de kilomètres et à traverser les montagnes sur leurs minuscules sandales de paille tressée ; au bout d’un quart d’heure de marche il devait pas en rester lourd.

« Tu veux savoir ce qu’est Loup Larsen ? C’est une bête, la grosse bête dont il est question dans l’Apocalypse. Et il finira par lui arriver malheur. Mais motus, hein ? Je ne t’ai rien dit. Rien dit du tout. Car le gros père Louis veut survivre à ce voyage et sauver sa peau, même si tout le reste de l’équipage s’en va engraisser les poissons.

« Loup Larsen n’est pas un homme… C’est un

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