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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/92

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LE LOUP DES MERS

aujourd’hui, en détresse entre ciel et terre. Il se cramponnait à sa vie, comme si c’était un objet étonnamment précieux, un trésor aussi rare que les diamants et les rubis. Précieux à qui ? À vous ? À moi ? Non. Précieux à lui-même. Il s’exagérait sa valeur. S’il s’était écrasé sur le pont et si sa cervelle s’y était répandue, comme le miel coule de l’alvéole, le monde ne s’en serait même pas aperçu. L’offre est trop grande.

« Lui seul se croyait quelque chose. Et, s’il était mort, la conscience de sa valeur serait morte avec lui. Qu’en serait-il resté ? Moins que rien. Qu’est-ce que vous avez à me répondre ?

Inutile de discuter avec un pareil cynique. Je me contentai donc de répondre :

— Je n’ai rien à vous dire, capitaine, sinon que vous êtes, jusqu’au bout, conséquent avec vous-même.

Et je me remis à ranger ma vaisselle.

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