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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/94

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LE LOUP DES MERS

San Francisco, faisant route entre les tropiques. Chaque jour, la chaleur augmente un peu plus.

Au second quart, de quatre à huit heures, les matelots montent sur le pont, se déshabillent et se lancent mutuellement des seaux d’eau.

Nous commençons à voir des poissons volants et, durant la nuit, les hommes de service courent à la poursuite de ceux qui tombent sur le pont. Au matin, Thomas Mugridge, qui a dûment reçu son pourboire, les fait cuire en extra, et la cuisine s’emplit d’une bonne odeur de friture.

Une autre variété aux menus coutumiers est apportée par les dauphins chaque fois que, de l’extrémité du mât de beaupré, Johnson a réussi à harponner une de ces bêtes splendides.

Johnson est le plus heureux des hommes, il ne quitte son affût que pour grimper sur les barres de misaines, d’où il regarde courir le Fantôme, sous la pression des voiles. Il en a presque les larmes dans les yeux, d’admiration.

Il contemple, extasié, la toile qui se gonfle, le soulèvement rythmé du navire sur les montagnes liquides qui nous accompagnent en procession imposante, et le blanc sillage écumeux que nous laissons derrière nous.

En dépit de mon travail, qui m’éreinte et ne me laisse que peu de loisirs, je vole de rares instants à la surveillance du coq, afin de savourer la gloire infinie de ce qui m’environne et dont je ne soupçonnais même pas l’existence.

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