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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/96

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LE LOUP DES MERS


Sur la route qu’il s’est frayée
Quelquefois le regard rêveur
Voit flamboyer une lueur.
C’est une baleine, effrayée.

Puis, quand vient l’aube, la rosée,
Sous l’éclat du soleil
Fusant de biais au ciel vermeil,
Sur les cordages s’est posée.

Et sur l’immense piste verte,
À pleines voiles, en longs remous,
Nous cinglons toujours devant nous,
Sur la piste immense et déserte.

— Eh bien, Hump, qu’en dites-vous ? me demanda Loup Larsen, après un instant de silence, qui suivit la chute de la dernière strophe.

Je le regardai. Il ne semblait pas que ce fût le même homme. Son visage rayonnait, comme la mer, d’une douce lumière et ses yeux brillaient au reflet des étoiles.

— Je m’étonne de trouver en vous un tel enthousiasme, répondis-je, c’est tout ce que je peux dire.

— Pourquoi ? Pour moi, c’est ça la vie.

Je ripostai, en faisant la moue :

— La vie, selon vous, est sans valeur.

Il éclata de rire et, pour la première fois, je le vis s’abandonner à une franche gaieté.

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