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Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/291

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nombre de sept cent cinquante mille, ils se mirent en grève. Mais ils étaient trop dispersés dans tout le pays pour tirer parti de cette force numérique. Ils furent isolés dans leurs districts respectifs, battus par paquets et obligés de se soumettre : ce fut la première opération de recrutement d’esclaves en masse. Pocock[1] y gagna ses éperons de garde-chiourme en chef, en même temps qu’une haine impérissable de la part du prolétariat. De nombreux attentats furent perpétrés contre sa vie, mais il semblait porter un charme contre la mort. C’est à lui

  1. Albert Pocock, autre briseur de grèves qui jouissait dans ces temps reculés d’une notoriété de même aloi que celle de James Farley, et qui jusqu’à sa mort réussit à maintenir à leur tâche tous les mineurs du pays. Son fils Lewis Pocock lui succéda, et pendant cinq générations cette remarquable lignée de gardes-chiourme eut la haute main sur les mines de charbon. Pocock l’ancien, connu sous le nom de Pocock Ier, a été dépeint de la manière suivante : « Une tête longue et mince, à demi-encerclée d’une frange de cheveux bruns et gris, avec des pommettes saillantes et un menton lourd… Un teint pâle, des yeux gris sans lustre, une voix métallique et une attitude languissante. » Il était né de parents pauvres et avait commencé sa carrière comme garçon de café. Il devint ensuite détective privé au service d’une corporation de tramways et se transforma peu à peu en briseur de grèves professionnel. Pocock V, dernier du nom, périt dans une chambre de pompe qu’une bombe fit sauter durant une petite révolte des mineurs sur le territoire indien. Cet événement eut lieu en 2073 après J.-C.