Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/33

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— Ce n’est pas du tout la même chose. Et, croyez-moi, nous ne fomentons pas la haine. Nous disons que la lutte des classes est une loi du développement social. Nous n’en sommes pas responsables. Ce n’est pas nous qui la faisons. Nous nous contentons de l’expliquer, comme Newton expliquait la gravitation. Nous analysons la nature du conflit d’intérêts qui produit la lutte de classes.

— Mais il ne devrait pas y avoir conflit d’intérêts, m’écriai-je.

— Je suis tout à fait de votre avis, répondit-il. Et c’est précisément l’abolition de ce conflit d’intérêts que nous essayons de provoquer, nous autres socialistes. Pardon, laissez-moi vous lire un autre passage. — Il prit le livre et tourna quelques feuillets. — Page 126. « Le cycle des luttes de classes, qui a commencé avec la dissolution du communisme primitif de la tribu et la naissance de la propriété individuelle, se terminera avec la suppression de l’appropriation individuelle des moyens d’existence sociale. »

— Mais je ne suis pas d’accord avec vous, intervint l’évêque, sa figure pâle d’ascète légèrement teintée par l’intensité de ses sentiments. Vos prémisses sont fausses. Il n’existe pas de conflits d’intérêts entre le travail et le capital, ou du moins il ne devrait pas en exister.

— Je vous remercie, dit gravement Ernest, de m’avoir rendu mes prémisses par votre dernière proposition.